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28 juillet 2015

Sang chaud

Ca finira par devenir une habitude que d’écrire le fil du mois à la fin du mois plutôt qu’au début et ce n’est pas forcément une bonne habitude. Certes, on a le bénéfice du recul sur l’actualité, mais on sauterait vite un mois si on n’y prenait garde.

Vous me direz que c’est le mois de juillet, que c’est l’été, et que j’avais prévenu que je ralentissais un peu les commentaires. Et vous aurez raison.

 

Mais pendant cette période de chaleurs estivales, dans les cités de Nice et alentours, on n’a pas fait que tuer le temps. Le soleil de plomb a aussi été celui des voyous.

A défaut de comptabilité appliquée, il y a eu quelques règlements de comptes remarqués.

 

Le bilan en cette dernière semaine de juillet nous donne deux morts à Nice, un blessé grave à Saint Laurent du Var, et différents blessés plus ou moins légers, les balles perdues n’étant pas perdues pour tout le monde, malheureusement. Des braves gens en ont eu leur compte.

 

Les morts étaient apparemment « défavorablement connus des services de Police », le blessé grave et certains des autres blessés aussi.

Ajoutons que les survivants sont en outre frappés d’une infirmité courante dans ce milieu, qui est l’amnésie :

Les malheureux se promenaient paisiblement, quand soudain, pour des raisons aussi obscures que mystérieuses, des inconnus les ont mitraillés sans raison à coups de 9mm.

Aucun rapport - quand on écoute l’une des jeunes victimes (à peine plus d’une vingtaine d’années, c’est encore jeune) - avec les 16 ou 17 condamnations définitives déjà inscrites à son casier judiciaire. C’est totalement surprenant, cette frénésie balistique au milieu de l’été.

On est d’ailleurs surpris qu’avec autant de balles tirées… il s’en soit tiré.

Il est vrai qu’un poste de Police à proximité, ça aide...

 

Etonnant, quant on regarde les rapports financiers de nos ministères parisiens. Eux ils trouveraient que nous avons déjà bien assez de policiers à Nice ; alors transformer un poste de Police en commissariat au prétexte que des gens se font tuer dans les rues, c’est un point qui n’a pas l’air de les émouvoir autant qu’un point de CAC 40 en moins à la Bourse de Paris.

 

C’est pourtant un point qui compte, la présence policière insuffisante, quand on vit ou qu’on travaille au quotidien en Zone Urbaine Sensible ou Zone de Sécurité Prioritaire.

A Saint Laurent du Var, c’est ce qui a fait la différence entre la vie et la mort de trois hommes.

Gibiers de potence ? C’est vous qui le dites. Et ce n’est pas parce nous avons supprimé la potence, puis la guillotine, qu’il nous faut laisser des bandits rétablir la peine de mort.

 

En attendant la vie continue, et nos agents sont passés, sans rien dire, reboucher les trous, repeindre sur le sang frais. Avec un vrai courage, ils ne s’effraient pas. Ce courage du quotidien il est simple, il est vrai, et il est d’autant plus admirable qu’il passe inaperçu.

J’y reviendrai la semaine prochaine, le mois prochain, en espérant que d’ici là le sang-froid prenne le dessus sur le sang chaud.

Vu la température actuelle, ce n’est pas gagné d’avance.

 

D’ores et déjà, toute ma sympathie aux vraies victimes « collatérales » de ces règlements de comptes crapuleux; et bravo à nos agents, agents de Police compris, qui assurent le quotidien.

Didier CODANI


N.B.: Ce billet est aussi publié sur MEDIAPART à cette adresse:

http://blogs.mediapart.fr/blog/d-codani/280715/sang-chaud

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