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Décembre 2014

Joyeux Noël Tous les cadeaux ne sont pas empoisonnés. santa_yahoo.gif


Pour différentes raisons j’ai été obligé de retarder le moment d’écrire.

Bien m’en a pris, j’aurai sans doute loupé LE moment de l’année 2014 pour nos belles cités et notre fabuleuse politique de la ville.

J’ai en effet eu le privilège d’assister cette semaine à l’annonce du nouveau programme national de rénovation urbaine dont vont bénéficier 200 quartiers en France métropolitaine et outre-mer.

Un programme magnifique, aux dires même de l’élu régional qui en a fait l’éloge. C’est vrai qu’en l’écoutant disserter sur cet élan et tout ce qu’il allait créer maintenant, on se demandait presque à quoi avaient servi les plans et programmes précédents.

L’amertume des élus locaux tranchait singulièrement avec cet optimisme de façade, pourtant suivi - avec plus de pondération, il est vrai  - par le Sous-Préfet représentant de l’Etat.

Les élus locaux étant souvent quoi qu’on en dise plus proches de la population, j’ai eu la curiosité de lire effectivement le programme des réjouissances, et j’ai vite compris ce qui pose problème.

Certes, la majorité politique régionale est la même que celle du gouvernement, alors que les Alpes-Maritimes sont dans une opposition claire et nette, mais ce n’est pas qu’un clivage politique.


Les chiffres bruts, quand on les regarde, donnent l’explication.

Pour faire simple, il y a trois fois moins de sous que dans le programme précédent, pour pratiquement autant de bénéficiaires. Et bien peu dans les Alpes Maritimes.

Dans les bénéficiaires, sur 200 quartiers, 58 sont à Paris soit 29% du programme. Presque un tiers. La région PACA en a 16, soit 8%. Dont 2 (1% du total national) dans les Alpes Maritimes, un dans le Var à Toulon, deux dans le Vaucluse à Avignon, et près d’une dizaine rien que sur Marseille. Onze sur seize bénéficiaires sont dans les Bouches-du-Rhône. Rien que les deux tiers, finalement…

170 millions d’Euros resteront donc à Paris, 76 millions d’Euros iront en PACA. Combien dans les Alpes Maritimes au final ? La suite au prochain numéro…

N’oublions pas la liste de rattrapage qui comporte 55 quartiers d’intérêt régional. Les chiffres sont durs à suivre, car au fil des pages du dossier on passe de 55 à 200 puis à 50. Moi j’en compte 55.

La région Ile de France ayant été largement servie au niveau national n’y existe plus. Mais pour la région PACA, seules 5 cités de Marseille sont enregistrées. En gros 10% de 850 millions d’Euros, ça doit bien faire au moins 80 millions. On est toujours mieux chauffé près du radiateur.

Au fil du document, on apprends qu’en fait ce n’est pas 5 mais 4 milliards d’Euros qui sont prévus pour la liste nationale, et que moins d’un milliard (850 millions d’Euros) est prévu pour la liste régionale de « 200 » quartiers de plus dont une cinquantaine de « signalés ».

150 millions d’Euros sont pris pour des « Etudes de préfiguration ». Ceux-là, les prestataires sélectionnés les toucheront, quant aux habitants ils en auront un jour… le bénéfice moral.

Quand vous avez lu tout ceci, avec toutes les incertitudes (de 1 à 4) sur le nombre exact des quartiers qui seront retenus dans la liste finale, et la quasi-certitude que le 06 est un département oublié… effectivement, la joie des élus des Alpes Maritimes se comprend mieux.


En fait, le précédent programme ANRU c’était… TROIS FOIS PLUS. Pour un nombre de quartiers officiellement légèrement supérieur (500). Donc globalement c’est la chute libre, pas le pactole.


Un mot pour rire, enfin, avec le lyrisme des rédacteurs qui apparemment (j’espère me tromper) ne voient le terrain que depuis les satellites de l’US Navy qui alimentent Google  Earth sur Internet.

Lisez-le vous-même, c’est en page 46 (sur 56) du dossier de presse : « Parce que les habitants des quartiers ont le droit à l’excellence, parce que la crise écologique frappe d’abord les plus fragiles d’entre nous… » Oui, « la crise écologique ». C’est donc cela qui les trouble tant.


Pour être franc, on sait qu’il y a moins, beaucoup moins, d’argent. Nous savons que l’on peut écrire des discours au kilomètre sur des linteaux de langue de bois ou noyés dans des mètres cube de langue de béton. Nous savons – hélas – que trop peu de gens s’y intéressent.

C’est ce qui le permet : Dans une cité d’un peu plus de 10.000 habitants (L’Ariane) une centaine de personnes sont là dans la rue après une annonce par voie de presse, soit moins de 1%. Sur cette centaine de personnes, seule une quarantaine (et je suis généreux) sont « réellement » des habitants du quartier concernés par la question. Le reste, la majorité des gens, ce sont les élus, les fonctionnaires, les journalistes, les responsables d’association (pas forcément du coin, mais qui veulent voir les élus) et une poignée de contractuels payés pour travailler là. Au final de la manifestation, il restera une soixantaine de personnes dans la salle pour écouter les discours, et le Maire de Nice très lucidement évaluera lui-même le nombre des habitants réels à une trentaine, en les remerciant d’avoir tout suivi.


Trente à quarante sur plus de 10.000 : 0,4% des habitants ont fait le déplacement 0,3% ont suivi toute l’affaire. Il avait bien raison, le Maire, de les saluer et de les féliciter. Tout comme il avait raison de souligner qu’au démarrage il y en avait bien plus, qui venaient récriminer. Or il n’y a pas eu une seule récrimination durant ces inaugurations au vu des travaux réalisés en première phase. C’est toujours ça de positif. Le négatif, c’est ce langage officiel de communicant que l’Etat (la Région) persiste à adopter, comme si l’école primaire ne nous apprenait plus à lire ou à compter assez bien pour saisir la vérité entre les lignes. Le discours officiel est devenu d’un lénifiant inimaginable.

Bravo quand un Maire ou un Conseiller Général  a la bonne idée d’appeler un chat un chat, et d’énoncer qu’un plus un ça fait deux, et pas trois. Même si on aimerait bien avoir un fauve dans ses animaux domestiques et plus d’argent dans son porte-monnaie en fin d’année.


Dans le même temps on essaie de faire disparaître les zones franches en inventant sans aucun intérêt les « territoires entrepreneurs ». Qui s’y trompe ? Qui on trompe ?

Un peu d’agacement quand on voit que, même dénoncée, la machine idéologique politicienne persiste et signe au plus haut niveau en combattant la démocratie au nom de la démocratie, en prétendant encore, comme il y a six mois, remplacer la représentativité des élus par le tirage au sort des copains, ou des copains des copains. Si vous avez des doutes, le site Internet du Palais de l’Elysée ou du ministère de la ville devraient vite les dissiper. Il faut lire. C’est écrit. On y trouve toujours des choses intéressantes, comme ces phrases du Président de la République au cours de l’inauguration d’un musée : « Beaucoup d’étrangers, ce ne sont plus les mêmes, sont là depuis des décennies. Ils ont parfois gardé leur nationalité d’origine tout en étant parfaitement intégrés à la société française. C’était leur droit. Ils n’ont pas voulu changer de nationalité ou peut-être n’ont pas pu y accéder. C’est cette situation d’étranger depuis longtemps en France qui a justifié la revendication de leur ouvrir le droit de vote aux élections locales. ». Allons donc demander la réciprocité dans leur pays d’origine…

Sans oublier la valorisation d’associations qui ont des ambitions dépassant assez manifestement le cadre de la politique de la ville pour entrer dans la construction de l’identité individuelle, sans parler du « genre » : « Si ces dernières années, les filles ont constitué le public privilégié des dispositifs pour l’égalité femme-homme, ces chiffres prouvent qu’il est grand temps de s’intéresser également à la construction de l’identité masculine. »

J’arrête là, nous sommes dans les derniers jours de l’Avent, le calendrier de Noël. Profitons-en.  Peut-être qu’un jour « le Père Noël », cette pure création commerciale destinée à éclipser Saint Nicolas pour mieux vendre une boisson pétillante, changera-t-elle de sexe ?


En  attendant, que ce soit dans une cité, en banlieue ou au centre-ville, essayons d’oublier un instant le gris de la vie pour la lumière de la fête.

christmastown.gif Joyeux Noël à tous! christmastown.gif

Didier CODANI


A suivre...  En hiver. Le froid est là.


Références :

Dossier de presse : Les 200 quartiers qui bénéficieront du NPNRU

http://ville.gouv.fr/?adoption-de-la-liste-des-quartiers

Le Président prône un NPNRU « en partant des besoins des habitants » :

http://www.elysee.fr/chronologie/#e8133,2014-12-16,d-placement-renouvellement-urbain-politique-de-la-ville-boulogne-sur-mer-et-lens

Les ZFU deviennent les « territoires entrepreneurs » :

http://www.ville.gouv.fr/?1er-janvier-2015-100-territoires

Le président de la République inaugure le Musée national de l'histoire de l'immigration :

http://www.elysee.fr/declarations/article/discours-d-inauguration-du-musee-de-l-histoire-de-l-immigration/

Pour en finir avec la fabrique des garçons. Dans l’école, les loisirs et l’espace public :

http://www.professionbanlieue.org/c__1_14_Manifestation_2446__0__Pour_en_finir_avec_la_fabrique_des_garcons_Dans_l_ecole_les_loisirs_et_l_espace_public.html

Article également lisible  sur MEDIAPART: http://blogs.mediapart.fr/blog/d-codani/201214/joyeux-noel

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